Gaëtan Ahoomey-Zunu, le «non-voyant» qui rêve de siéger à l’Assemblée nationale

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Directeur de société et non voyant, Gaëtan Ahoomey-Zunu fera sa première expérience des joutes électorales à l’occasion des législatives du 20 décembre prochain. Inscrit à la deuxième place sur la liste de l’Union des Forces de Changement (UFC) dans le Grand-Lomé, celui qui se décrit comme « travailleur, sociable, audacieux et humaniste » croit en ses chances.

« Je suis candidat pour faire évoluer les conditions de vie des personnes handicapées et des groupes vulnérables », nous a-t-il confié lorsque nous l’avons rencontré la semaine dernière au siège de son parti, où il était venu assister à une réunion de l’état-major de campagne.

Cet ingénieur et ancien chef division chez Renault en France, a perdu sa vue il y a quelques années au Togo. Alors qu’il était en vacances à Lomé, il a été victime d’un braquage qui a mal tourné, lui faisant perdre ainsi l’usage de ses yeux. Et depuis, l’homme a appris à vivre sans la vue.

Ainsi, il est foncièrement contre toutes mesures de « discrimination positive.» « Il y a des préjugés que nous devons lever. Je ne suis pas pour la discrimination positive mais pour la compétence », précise-t-il Pour lui, chacun est doté d’une capacité qui lui permet d’exceller avec ou sans handicap. De fait, il demande aux électeurs de faire le choix de ceux qui ont fait leurs preuves sur le terrain, sans moyens. « Je suis engagé auprès de cette couche de personnes handicapées. C’est en travaillant pour arracher nos droits que j’ai ainsi eu l’honneur d’être repéré par tous et par l’UFC », révèle-t-il.

Injustice

Gaëtan Ahoomey-Zunu explique son engagement politique d’une part, par le fait qu’il a toujours été « un homme engagé » et d’autre part, pour corriger l’injustice dont l’UFC a été l’objet selon lui, à la suite de la signature de l’accord politique entre ce parti et le RPT.
« Je me suis engagé parce que j’ai vu que l’UFC est l’objet d’une injustice. Le parti a été mal compris et mis à terre. C’est cette injustice-là qui m’a fait rapprocher de cette formation. Pour dire la vérité, travailler de nouveau pour atteindre ce niveau d’adhésion populaire exceptionnelle », explique-t-il.

D’ores et déjà, dans sa tête fourmille une multitude de lois qu’il souhaite faire voter au cours de la prochaine législature, notamment une disposition octroyant une allocation compensatoire de 30 000 F par mois à tous les handicapés, car dit-il « le handicap coûte cher ».

« Je ne fais que proposer et agir pour que nous puissions mieux-vivre ensemble, pour qu’il y ait de l’égalité entre les hommes, et le partage équitable des ressources », souligne ce natif de Kpélé.

Aux indécis et à ceux qui ont tourné le dos à l’UFC, le cousin de l’ancien Premier ministre Ahoomez-ZunuSéléagodzi lance cet appel : « J’ose croire que ceux qui ont aimé l’UFC, ceux qui ont toujours voté pour l’UFC ne se sont pas volatilisés. Je leur lance un appel : revenez ! Ne vous laissez pas entraîner par le mensonge.
La vérité est que nous pouvons faire changer les choses en douceur, dans la paix et la tranquillité. Ce n’est pas dans la rue, la rue n’est pas la solution », conclut-il.

Albert Agbeko