La filière d’ananas a besoin d’être boostée

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Pour être en bonne santé et éviter les carences vitaminiques, il est souvent conseillé de manger équilibré. Pour le faire, il est important de prendre cinq fruits et légumes par jour pour éviter la malnutrition, notamment chez les enfants. Parmi ces fruits, l’ananas actuellement présent sur les marchés et dont la culture est favorisée par les conditions climatiques de notre pays. S’il entre dans la composition de notre alimentation, sa filière constitue également une source de revenus pour les acteurs et génère de nombreux emplois.

L’ananas est un fruit monocotylédone de la famille des broméliacées. Sa multiplication est asexuée. Il en existe cinq grand types : cayenne, spanish, queen, pernambouco, pérolia. « Compte tenu de notre climat, ce sont les variétés brazza et cayenne lisse qui sont produits dans notre pays » relève AGBLEVON Daniel, producteur d’ananas. Cultivé sur des espaces non caillouteux, l’ananas qui est vendu sur toute l’étendue du territoire est produit dans la région maritime et dans la région des Plateaux. Plus précisément dans les préfectures de l’Avé, Zio, Kloto, Danyi, Haho. Ce que confirme Rita, revendeuse d’ananas au marché des fruits à Hanoukopé : « la plupart de nos ananas viennent de la préfecture de Zio du fait de leur qualité et aussi de leur prix.

C’est pendant la pénurie que nous nous procurons ceux venus du Bénin ». C’est dans la préfecture de l’Avé que monsieur AGBLEVON possède des plantations d’ananas. Selon lui, celles implantées dans cette localité de faible superficie, environ 2500 pieds par carré soit 25000 pieds d’ananas par hectare. Il s’agit généralement des exploitations familiales de petite taille dépassant rarement l’hectare. Cependant, des groupements et autres coopératives permettent d’atteindre quatre hectares en moyenne. Choix du bio : Pour avoir une production de bonne qualité et à la recherche des ananas biologiques, la grande partie des producteurs suivent les normes de l’agriculture biologique. Ils limitent l’usage d’engrais chimiques ou se l’interdisent ; seul l’engrais vert est utilisé pour engraisser le sol. « Le suivi de cette norme permet d’avoir des ananas de qualité et bien sucré disponible pour la population » assure monsieur AGBLEVON » « Moi j’ai un champ d’ananas de plus de quatre(4) hectares mais j’ai jamais utilisé aucun produit chimique que ce soit » soutient-il. Afin d’éviter toute entorse aux règlements, il existe un opérateur certifié qui effectue des contrôles réguliers, inopinés ou non. Il s’agit de l’Ecocert Afrique de l’Ouest basé au Cameroun par lequel on peut certifier
et agréer une production biologique de l’ananas.
La production d’ananas source de revenus Plus de 600.000 tonnes d’ananas sont produits chaque année au Togo. La majeure partie est consommée localement. Le prix de ce fruit varie selon le poids, la grosseur ou la taille. « C’est sur ces dernières caractéristiques que nous, nous vendons nos ananas ici au marché. Ainsi, le prix varie de 100 à 250 F CFA l’unité » explique Rita. Au kilogramme, il coûte entre 80 et 115 F CFA.
Le reste de la production est exporté à l’étranger notamment l’Europe quand il n’est pas transformé en jus, conserves ou en ananas séchés. La transformation s’opère par différentes sociétés de la place, dont Tropic Bio, Setrapad, Safleg, ProNatura, Firstananas…toutes ne jurant que par le bio. C’est une filière qui génère pour les entreprises d’importants chiffres d’affaires. Ainsi, First Ananas de Lawson revendique un chiffre d’affaires annuel de 75 millions de
F CFA, et 55 emplois directs, 200 points de vente au Togo et au Burkina Faso.
Contraintes liées à la production Les enquêtes ont montré au Togo que, l’accès à la terre et aux crédits, les infrastructures et l’analphabétisme constituent les véritables contraintes au développement de cette filière. Il est impossible pour les producteurs rencontrés, ainsi que pour des fermes de disposer de vastes superficies d’une dizaine d’hectares pour leur culture. Les exploitants ont un accès limité aux crédits. Et quand ils arrivent à en bénéficier, le taux de remboursement
(8 ou 12% tous les 6 mois) constitue un handicap sérieux pour la mise en culture.
La faiblesse des infrastructures routières pose un problème de desserte dans les zones de production. Le manque de main d’œuvre constitue aussi un handicap à la production d’ananas. Le manque d’organisation de la filière et l’ouverture du marché de commercialisation entrainent un manque à gagner pour les producteurs. Cette filière manque donc cruellement d’accompagnements, tant financier que technique, créant des dommages dans la production et au niveau de la conservation des récoltes.