A la télévision, seule 1 personne sur 3 est une femme

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1969

Depuis 1995 et les rapports successifs mesurant précisément la place des femmes dans les médias, le constat reste toujours le même. Que ce soit à la radio, à la télévision, dans les colonnes de nos journaux, celles-ci sont encore largement sous-représentées. Quand on allume sa télévision, une personne sur trois seulement est une femme. Il y a une évolution progressive sur la question de la parité homme-femme dans la presse togolaise.

Si au début des années 1980, il n’y avait que peu de journalistes femmes, « elles représentent aujourd’hui le 1/3 des journalistes togolais », indique Mme Simone Dakitchè, présidente de l’OTIFEM ( Observatoire Togolais de l’Image de la Femme dans les Médias), une organisation qui défend l’image de la femme dans les médias et fait la promotion des journalistes femmes. Mais si le nombre de femmes dans le secteur de la presse est toujours croissant, il existe de très fortes disparités selon les métiers ; la parité n’étant pas synonyme d’égalité.

De la speakerine d’antan à la missmétéo d’aujourd’hui, les femmes dans les média comme ailleurs ont constamment été réduites à des stéréotypes peu reluisants. Selon Mme Claudine AKAKPO, ex-directrice de l’Agence Togolaise de Presse (ATOP), les femmes journalistes sont seulement majoritaires dans les secrétariats de rédaction, au niveau des standards et dans les équipes de rédaction de magazines de presse, à des postes dits métiers de femmes où la compétence n‘est pas véritablement exigée. En revanche, si on se penche sur le cas des journalistes reporters d’images, le genre féminin est compté au bout des doigts.

Même si ici, cela pourrait être expliqué par le poids des matériels de reportage qu’il faut déplacer sur le terrain.

À ces éternels clichés, il faut ajouter les plafonds de verre et l’absence de femmes aux postes hiérarchiques les plus élevés. « La place des femmes dans les différentes hiérarchies du champ médiatique est très peu satisfaisante », selon les mots de l’ex-directrice de l’ATOP. En effet, lorsqu’on monte dans la hiérarchie à des postes de responsabilités, elles deviennent de plus en plus rares. L’exemple du ministère de la Communication est d’ailleurs symptomatique : depuis l’indépendance il n’y a eu qu’une seule femme ministre à ce département, notamment Mme Kouméalo ANATE. Il en est de même pour Mme Claudine AKAKPO ex-directrice de l’ATOP qui a été la seule femme journaliste à occuper le poste de directrice d’un organe de presse publique.

« La plupart de celles qui ont percé occupent les postes de chef section administrative et de personnel, chef section comptable ou encore de chef section archivage numérique » a signalé Mme Claudine AKAKPO. Cette rareté des femmes aux postes décisionnels se fait voir aussi au niveau de la visibilité des personnes invitées à la radio ou sur les plateaux télévisés au rang desquelles les experts et les commentateurs, qui sont essentiellement des hommes. Difficultés multiformes Souvent femmes au foyer, les femmes journalistes ou affiliées travaillent à des heures tardives, sans sommeil, sans une couchette digne, sans toilettes séparées pour femme et pire encore à la merci du harcèlement sexuel, des brimades et discrimination.

A titre d’illustration, Mme AKAKPO indique qu’ « étant femme on ne vous met pas souvent sur des reportages d’ordre politiques, malgré la formation de qualité que vous avez eu même titre que l’homme. On trouve que celui-ci est plus apte à traiter les chroniques politiques et la femme est envoyée sur des sujets de femmes. En plus, les reportages dits « juteux » sont pratiquement réservés aux hommes car on se dit que la femme n’a pas assez de charge ». Cette discrimination a un impact très négatif sur l’évolution professionnelle de la femme. Elle démotive celle-ci dans son travail. En outre, les femmes journalistes sont souvent exposées au harcèlement sexuel et intimidation de la part de leurs confrères ou de leurs patrons.

En effet, selon l’ex-directrice, le harcèlement est une réalité dans le monde médiatique comme dans la plupart des lieux de travail, où la femme est présente. Note d’espoir : malgré ce tableau, certaines femmes tirent leur épingle du jeu et s’imposent dans le métier. « Celles qui réussissent sont des exemples pour les autres. Le travail bien fait est la première clé de réussite » conclut Mme Akakpo.