Coronavirus : l’Afrique subsaharienne est “une bombe à retardement”

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L’Europe, après la Chine, est devenue depuis plusieurs semaines l’épicentre du coronavirus. Alors que des centaines de cas sont signalés désormais en Afrique, plusieurs experts s’inquiètent des risques de la propagation du Covid-19 sur un continent où les systèmes de santé sont fragiles ou réduits à leur plus simple expression.

Pour Bruce Bassett, de l’Université du Cap, cité par le  site sciencepost.fr, la situation du continent peut être comparée à une véritable “bombe à retardement“. Selon nos confrères, l’Afrique subsaharienne, qui abrite plus d’un milliard de personnes, est en effet un cas à part et plusieurs facteurs peuvent justifier ces craintes. «  Dans de nombreux pays africains, les systèmes de santé subissent déjà d’autres épidémies. On pense notamment à celles du VIH de la tuberculose (TB). En plus d’être très graves, ces dernières ont également le pouvoir d’exacerber la dangerosité des infections respiratoires » écrit le média spécialisé. Qui rappelle qu’il y a quelques jours, l’Académie des sciences d’Afrique du Sud a notamment averti que les personnes vivant avec le VIH étaient en moyenne huit fois plus susceptibles d’être hospitalisées pour une pneumonie causée par le virus de la grippe que la population générale. Elles sont aussi trois fois plus susceptibles d’en mourir. Or, nous savons désormais que le Covid-19 est encore plus virulent.

Pour sciencepost.fr, les capacités d’accueil des malades   sont également très fragiles sur le continent. Alors qu’en France ou en Italie se pose la question des places disponibles en réanimation, le Kenya ne compterait que 130 lits d’unités de soins intensifs pour  plus de 50 millions d’habitants, tandis que le Togo ne  recenserait que 2 lits dans l’unité de soins prévus pour confiner les éventuels malades, à en croire le Dr Gilbert Tsolényanou, intervenant chez nos confrères de Kanal FM. De manière plus globale, l’Afrique abrite seulement 1,3 % des professionnels de la santé. Pourtant, elle porte à elle seule 25% de la charge mondiale de maladies.

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« Par ailleurs, des mesures de “distanciation sociale” ont été instaurées dans plusieurs pays pour éviter la propagation du virus. Cependant, le simple fait de “limiter les contacts avec autrui” pourrait être difficile à mettre en pratique dans certaines zones surpeuplées à l’intérieur desquelles de nombreuses générations vivent ensemble dans un même ménage » écrit le journal en ligne.

Il en est de même pour la mise en pratique des autres gestes barrière. “Comment pouvez-vous dire aux populations de tel ou tel village de se laver les mains quand il n’y a pas tout simplement pas d’eau ou d’utiliser du gel pour se désinfecter les mains alors qu’elles n’ont pas assez d’argent pour se nourrir ?“, déclare  Francine Ntoumi, experte en santé publique à l’Université Marien Ngouabi, en République du Congo, interrogée par nos confrères.  “J’ai bien peur que ce soit le chaos“, dit-elle.

La jeunesse, l’espoir

L’Afrique subsaharienne présente néanmoins un léger avantage comparée à d’autres régions du monde, selon sciencepost.fr.  Sa population est en effet relativement jeune. On y retrouve moins de 4 % de personnes âgées contre environ 12% pour la Chine. Et a priori, les enfants semblent moins touchés par le COVID-19. À ce jour, ils ne représentent que 2% des personnes contaminées. De fait, « la plupart des jeunes adultes semblent souffrir de symptômes légers même si ces derniers ne sont pas à l’abri de souffrir davantage » conclut le site.