De la «faute» de Macron aux «regrets» du Roi Philippe

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Très attendu devant l’Assemblée nationale et le Sénat congolais, le Roi des Belges n’a pas franchi le pas des excuses au peuple congolais pour les atrocités commises pendant la colonisation et même après.

Si cette fois-ci, l’audience (l’Assemblée nationale et le Sénat représentant le peuple congolais) devant laquelle il a prononcé ce discours visant à réchauffer les relations entre les deux pays revêt toute une symbolique, que c’est à la faveur de son tout premier voyage en RDC, et que les « plus profonds regrets» exprimés pour les blessures de la colonisation  semblaient sincères, l’acte semblait néanmoins avoir un goût d’inachevé. Car deux ans plus tôt, les mêmes regrets avaient été exprimés, dans un courrier adressé à la RDC.

Le sujet remet à coup sûr au goût du jour, le sempiternel débat sur la meilleure formule à adopter par les ex-puissances coloniales pour solder ad vitam aeternam, leur passé colonial vis-à-vis des pays africains. Et c’est sans complexe qu’on l’évoque.

De fait, le but de la démarche n’est pas de cautionner une posture victimaire et totalement improductive d’une Afrique qui continuerait de se lamenter sur son passé ou qui quémanderait d’hypothétiques « excuses » de ses « ex-bourreaux ». Mais de rappeler un devoir mémoriel, encore que dans la conscience collective de certains occidentaux, voire jusqu’au sommet de la France, la colonisation et son lot de conséquences néfastes pour les Africains n’étaient qu’une « erreur profonde ou une faute de la République ».

Certes, les excuses, dans l’hypothèse peu plausible où elles venaient à être présentées, n’auraient qu’une valeur symbolique, voire morale. Elles ne changeraient rien, mais alors absolument rien du tout, au vécu quotidien des peuples africains. Elles n’apporteraient pas non plus systématiquement des solutions aux divers maux qui minent le continent.

Mais elles achèveraient assurément un « processus de réconciliation » où la vérité (la faute) est établie et connue de tous et où des regrets sont exprimés, laissant présumer une contrition. Car, sans les excuses, la nouvelle page voulue dans les relations entre Africains et Occidentaux, et centrée sur « La Respectabilité » et « La Réciprocité », ne serait qu’un leurre.

La peine qu’éprouvent les pays occidentaux à exprimer des excuses sincères aux millions d’Africains sacrifiés ou à leurs descendants, traduit manifestement, la difficulté qu’ils ont à considérer que l’Afrique mérite leur respect. Hélas ! Cette posture des ex-puissances coloniales trouve, en Afrique même, sa sève nourricière. Car, le respect se mérite.

Or, aussi longtemps que le continent dont les richesses du sous-sol attirent tous les puissants de ce monde, continuera à tendre la main à l’Occident, ou que les Africains, réduits à la misère chez eux seront contraints à un « exil économique » en Europe au prix de leurs vies via des embarcations de fortune, aussi longtemps que les institutions africaines, censées défendre la position d’une Afrique forte et unie seront financées par des pays étrangers, ce respect demeurera un vœu pieux.

Travaillons donc à changer tous les paradigmes afin de créer un rapport de forces en notre faveur, sur tous les plans. Gageons qu’alors, les excuses s’imposeront naturellement car, nous aurons été jugés dignes de les recevoir.