Edito : Respecter formes et normes

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Par Kokouvi Ekpé AGBOH AHOUELETE

L’une des réformes souhaitées par la nouvelle majorité à l’assemblée fut l’introduction d’une disposition limitant à un (1) an renouvelable cinq (5) fois, le mandat du président de l’Assemblée nationale.

Cette initiative, dont on ne saura peut-être jamais les réelles motivations en dépit des raisons officielles qui ne résistent pas à l’analyse, et des rumeurs des plus élaborées aux très fantaisistes, a été, à juste titre, censurée par la Cour Constitutionnelle. En effet, elle violait clairement et sans possibilité d’interprétation particulière, l’article 54 de la Constitution.

Cette entreprise aussi malheureuse que curieuse, a été suivie quelques jours après par différentes séquences liées à la nomination du Premier Ministre et à la formation du gouvernement, caractérisées au minimum par un cafouillage. En effet, l’annonce simultanée de la désignation du chef de gouvernement et de son équipe, n’a pas donné l’impression d’un fort respect des dispositions constitutionnelles.

Celles-ci prescrivent qu’une fois désigné, le Premier ministre propose au Président de la République les ministres qu’il nomme. Même si le texte n’indique pas de délai entre la proposition et la nomination, il va sans dire qu’il s’écoule nécessairement un temps entre les deux décisions, fût-il très réduit.

En toute hypothèse, il aurait été indiqué , ne serait-ce que pour éviter les polémiques et préserver l’image d’institutions respectant les normes, séparer les deux actes de quelques instants. Lorsqu’on ajoute à cela une publication par à- coups du gouvernement, avec des périmètres d’intervention qui ont évolué en l’espace de quelques heures, et des portefeuilles déclarés rattachés alors qu’un acte juridiquement valide ne l’officialise, l’impression de légèreté peut être difficilement combattue.

Dans ce contexte, les contempteurs du pouvoir et autres « déclinologues », ceux qui n’ont jamais perçu une once de positivité dans l’évolution de notre pays, ont beau jeu de dénoncer une république bananière où les règles élémentaires sont bafouées.

En y prêtant le flanc, alors qu’il n’y avait aucune raison de ne pas mettre les formes et faire droit aux normes, qui plus est dans des situations sans véritables enjeux conflictuels, on fournit des arguments à des personnes qui n’en demandaient pas tant pour entretenir leur « Togo bashing ».