Fêtes de fin d’année : Attention à la qualité des produits

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Encore quelques jours pour rentrer dans la fièvre des fêtes de fin d’année. Au grand marché de Lomé (Adawlato), l’érection des étalages devant les magasins ainsi que les décharges régulières de nouveaux produits raniment déjà en tout visiteur, les moments festifs qui se profilent à l’horizon. Cette période de grande consommation donne lieu souvent au déversement sur le marché des produits de qualité douteuse. Vigilance !

Odédji ! Midédji ! (diminution de prix), liquidation,  3 pour 550 F, 6 pour 1000 F…sont, entre autres, des slogans qui se font entendre de plus en plus  ces temps-ci au grand marché de Lomé. De bonnes dames avec des récipients sur la tête, des tricycles remplis de boissons gazeuses de diverses natures, des friandises, des biscuits, des pâtes alimentaires, des boîtes de conserve, des huiles, des liqueurs, des jus de fruit…

Le marché est déjà envahi et attire. Tout  visiteur qui s’y rend doit marcher ou circuler avec prudence pour ne pas renverser des étalages des vendeurs ambulants ou d’un tricycle en opération de chargement ou de décharge. Les entrepôts, les supermarchés, les supérettes et les magasins en ville sont déjà bondés et attirent également. A l’Association togolaise des consommateurs (ATC) comme à la Ligue des consommateurs du Togo (LCT), on appelle à la vigilance.

Pour M. Freddy Dunyah, chargé de communication à l’ATC, chaque citoyen doit être garant de sa propre santé. En ces périodes de fêtes  de fin d’année, conseille-t-il, le consommateur doit être plus regardant quant à ce qu’il achète.

« Quand on prend un produit, on doit se familiariser avec son identité : le nom, la fabrication, le lieu et la date de péremption et enfin les constituants internes pour voir si vous ne développez pas une allergie à ce produit ou  un de ses ingrédients. Et c’est après toutes ces vérifications  que vous pouvez opérer le paiement », recommande-t-il.

Ce faisant, poursuit M. Freddy Dunyah,  il faut exiger un certificat d’achat. « C’est sur la base de ce certificat qu’en cas d’insatisfaction  vis-à-vis du produit ou en cas de discordance, vous  pouvez intenter une action contre le magasin », informe le défenseur des droits des consommateurs.

Même son de cloche à la Ligue des consommateurs du Togo. Selon Emmanuel Sogadji, Président de la LCT, en ces périodes de grande consommation, chacun doit savoir quoi payer et manger pour rester en bonne santé pendant et après les fêtes.

« On doit être regardant sur ce qu’on mange, ce qu’on achète et également sur ce qu’on vend. On ne doit pas servir d’intermédiaires des commerçants véreux, avides d’argent, coûte que coûte, au point de vendre des produits de mauvaise qualité, périmés ou expirés, voire impropres à la consommation humaine», conseille-t-il. Il invite par ailleurs chaque citoyen à jouer sa partition pour la protection de tous. « Quant à la Ligue togolaise des consommateurs,  nous continuons à sensibiliser la population et à l’éduquer sur ses droits et ses responsabilités», a-t-il ajouté.

Il est à noter qu’au niveau des deux associations de défense des droits des consommateurs, des actions de contrôle sont prévues pour se dérouler comme les années précédentes. Une descente sur le terrain s’observe déjà dans les supermarchés et magasins. Ces organisations de la société civile ne sont pas les seules à se préoccuper du phénomène. Au niveau du ministère de la Santé comme celui du Commerce des ‘’instructions fermes’’ sont données pour empêcher l’entrée et la vente des produits de qualité douteuse sur le marché togolais et ceci en collaboration avec les services de douanes.

Des actions salutaires

Au cours de cette année qui tire déjà à sa fin, les inspections menées par les agents du ministère du Commerce, de l’Industrie, de la Promotion du Secteur privé et de la Consommation locale, ont permis de saisir des tonnes de riz, d’huiles…impropres à la consommation frauduleusement introduits sur le marché, par des individus malhonnêtes. Plus d’une quinzaine de tonnes de produits de qualité douteuse ont été saisis et détruits courant 2020. Par ailleurs, le ministère reste vigilant quant aux informations en rapport avec les marchés des pays voisins et étrangers.

Dès fois, des commerçants malhonnêtes tentent de faire entrer des produits interdits sur les marchés voisins au Togo. C’était le cas des corned-beef saisis en 2018. Il s’agissait de 5 conteneurs en provenance du Ghana. L’alerte a été donnée à l’époque par un journal du pays. Déclarés chez nos voisins produits contaminés, les exportateurs ont voulu se tourner vers Lomé en ignorant la vigilance du gouvernement togolais.  «Ils ont voulu changer de lieu pour envoyer à Lomé. On a suivi l’information  et on est arrivé à mettre la main sur les produits », confie M. Charles Malaaba Batawa, chef division enregistrement et publicité commerciale au ministère du Commerce.

Pour assurer un contrôle efficace  du marché,  Lomé est divisée en 4 zones notamment,  la zone Nord-Ouest (Agoè jusqu’à Zangera et au-delà),   Nord-est   (les environs de Kégué jusqu’au niveau de l’aéroport), zone Sud-ouest (Frontière Ghana jusqu’au grand marché) et la zone Sud-est (une autre partie du grand marché jusqu’à Kpogan).

Des équipes déployées sur le terrain sont dirigées par des inspecteurs. L’accent est davantage mis sur le contrôle des denrées alimentaires. L’instruction donnée par le ministre du Commerce, selon M. Charles Malaaba Batawa, est de tout faire pour que le marché soit sain. A part Lomé, des équipes sont également déployées à l’intérieur des régions, préfectures et communes pour un contrôle plus poussé.

Pourquoi éviter de consommer des produits périmés ?

Les aliments périmés ne sont pas bons à consommer. Les conséquences, selon Dr Bouraïma Mouawiyatou, Chef Division Nutrition au Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de l’accès universel aux soins, sont de deux ordres. A court terme, le consommateur peut être victime d’une intoxication alimentaire qui peut être d’origine chimique, à cause des produits chimiques utilisés pour la conservation des aliments ou elle peut être d’origine bactérienne. « A long terme, l’individu peut développer des cancers et autres maladies cardio-vasculaires et neurologiques», ajoute le nutritionniste.

Par ailleurs, à part le contrôle de la date de péremption des produits mis en vente sur le marché, il est également conseillé de bien vérifier l’aspect de l’emballage ou du conditionnement. En effet, toute trace de dégradation d’une boîte, telle que la déformation, la rouille ou le gonflement d’une partie peut révéler une altération du produit. Dans ce cas, recommande le nutritionniste, il est préférable d’éviter d’en consommer le contenu.

En somme, il est important de faire attention en ces moments de fêtes à tout ce que nous allons acheter et consommer.  De préférence, il est conseillé les produits locaux pour non seulement manger sain et contribuer au développement du pays mais aussi pour qu’en cas d’une situation désagréable,  retrouver le fabricant.

« Il est plus facile d’intenter  une action en justice contre le producteur local parce qu’il est tout près. Pour les produits importés, vous appelez le numéro consommateur qui est inscrit là-dessus personne ne vous répond au bout du fil », prévient M. Freddy Dunyah qui renseigne qu’au cours de cette année un produit périmé de plus de deux ans a été retrouvé sur le marché et saisi grâce à une action conjointe de l’ATC et du ministère du Commerce.

« C’est un produit aveugle. Tout est écrit en chinois », a-t-il précisé. Ces actions, en effet, ne constituent que la partie visible de l’iceberg. Des actions plus poussées doivent être menées régulièrement et suivies de véritables sanctions susceptibles de décourager les auteurs de ces actes. Un soutien serait également nécessaire pour accompagner les organisations de défense des droits des consommateurs à pousser le bouchon plus loin.