Gbagbo a-t-il toujours une grosse cote ?

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Il est l’un des dirigeants africains les plus adulés de ces dernières décennies. Peu de Chefs d’Etat ou de gouvernement peuvent se targuer comme Laurent Gbagbo, d’avoir des supporters fervents et engagés, établis un peu partout sur le continent.  

Au point que cette aura particulière le fait comparer par certains, en ce qu’elle dépasse le territoire ivoirien, à celle de Nelson Mandela. Mais depuis son retour dans son pays en juin dernier, ses premiers pas et son immixtion dans le jeu politique traditionnel, la question du maintien du niveau de sa cote de popularité dans la région se pose.

En effet, le « héros » donne l’impression d’avoir un costume trop large pour lui. En redescendant, avec armes et bagages dans le marigot politique ivoirien, Laurent Gbagbo mésestime la dimension qu’il a prise depuis quelques années.

La séquence de la demande de divorce avec sa femme Simone qui aurait pu ne pas constituer le premier acte posé depuis son retour, celle du divorce avec le parti  qu’il a fondé même si l’on peut entendre les motivations de ce choix, ainsi que ce  qui semble être des distances prises avec Charles Blé Goudé, le ramènent au statut de l’homme politique ordinaire, avec ses coups et ses stratégies électoralistes.

On passera sous silence les retrouvailles avec Alassane Ouattara, une bonne démarche dans son principe mais dont on pouvait faire l’économie des rires aux éclats, des grandes accolades   et des gestes sur-joués d’empathie.

La création d’un nouveau parti, fût-il d’essence panafricaine n’altère pas ce sentiment d’une banalisation de l’icône, qui ne devrait déplaire sans doute pas à Alassane Ouattara, tout heureux d’avoir finalement en face  un adversaire ordinaire plutôt qu’une personnalité adoubée par des millions d’Africains.

Au surplus, à 80 ans, sans faire preuve d’âgisme, il sera difficile à Laurent Gbagbo de convaincre qu’il incarne l’avenir de la Côte d’Ivoire et qu’il a des solutions pour cela. Définitivement, Laurent Gbagbo aurait dû rester à la place que l’opinion africaine lui avait donnée : au-dessus de la mêlée, une référence. Une sorte de « sage » auprès de qui accourraient des hommes et femmes venus de partout sur le continent, pour ses conseils avisés ; mais aussi une personnalité au service de la démocratie, de la paix et de la bonne gouvernance en Afrique.