Je ne suis pas Assimi Goïta

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Le bras de fer qu’est prête à engager la junte militaire au pouvoir à Bamako (Mali) avec les organisations sous régionales après les sanctions qui lui ont été infligées le 09 janvier dernier par la  Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne laisse présager rien de bon pour ce pays. Si son issue reste incertaine, on peut tout de même parier que les autorités maliennes vont au-devant d’importantes difficultés que leur seule posture « révolutionnaire », fût-elle sublimée par les réseaux sociaux et soutenue par leur nouvelle alliance, ne suffira   malheureusement pas à  les aider à affronter, encore moins à résoudre.

Personne n’a intérêt, surtout pas la CEDEAO, à ce que la situation qui prévaut actuellement au Mali,  s’aggrave plus qu’elle ne l’est déjà, sur le plan économique, social et sécuritaire. Il est en effet patent que les conséquences d’une crise au long cours entre ce pays membre et l’organisation impacteraient nécessairement toute la communauté, même s’il n’en est pas la locomotive.

Il n’en demeure pas moins que  l’organisation a raison de rester ferme sur ses positions de principe face au jeu de yo-yo d’Assimi Goïta et de ses hommes qui, depuis leur prise de pouvoir, semblent la narguer.  Pourtant, elle est dans son rôle- et c’est le contraire qui devrait étonner- lorsqu’elle rappelle aux autorités   maliennes  qu’elles  ne sont  que transitoires et devraient  dans les meilleurs délais possibles, rendre le pouvoir à un gouvernement ayant reçu l’onction du suffrage universel.  Car, c’est là le talon d’Achille du régime de Bamako, quelles que soient ses bonnes intentions, son autorité procède d’un double coup d’état. Il ne peut pas longtemps se cacher derrière l’argument de la nécessité d’une réforme en profondeur du pays et évoquer un soutien populaire. Quoi de mieux d’ailleurs que les élections qu’exige la CEDEAO, démontrerait cette adhésion du peuple ? Il ne peut non plus valablement évoquer la souveraineté du Mali en balayant d’un revers de main les engagements sous régionaux de celui-ci, qui plus est, en face de dirigeants qui envoient leurs compatriotes soldats, se faire tuer loin de leur pays pour les Maliens, sur les champs de bataille. Ceci, ne leur confère-t-il pas au minimum,  un certain droit de regard ?

Pour le reste, la   CEDEAO a bon dos de  servir d’exutoire et de bouc-émissaire à l’imbroglio malien. Cependant, quels  que soient les contorsions politiques et les arguments idéologiques, elle ne peut être tenue pour responsable de la situation actuelle du Mali, un état faible et défaillant. Ni faire occulter la responsabilité d’une classe politique malienne corrompue qui a longtemps démissionné face à l’ampleur de la tâche.  Et ce n’est pas la faute à la CEDEAO non plus  si le Mali a  été incapable de contenir et de repousser les hordes de djihadistes qui se sont établies  sur son territoire et y sévissent depuis de longues années.

Depuis qu’ils se sont installés au palais de Koulouba, Assimi Goïta et ses hommes ont incontestablement gagné la bataille de l’opinion.  Mais il nous  semble que ce qu’on attend d’un  quarteron  de colonels,  dans un pays en grande partie aux mains d’ennemis, c’est  surtout d’engranger des succès militaires et de gagner la guerre.