La question du 4è mandat

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4è mandat de Faure Gnassingbé
Faure Gnassingbé, Président de la République Togolaise

La classe politique togolaise est friande de polémiques sur le sexe des anges et de débats d’arrière-garde. A quelques mois de la prochaine élection présidentielle, certaines de ses principales figures continuent à alimenter de vaines tirades sur un hypothétique, à plus d’un titre, quatrième (4è) mandat de Faure Gnassingbé. Hypothétique pour l’heure car pour qu’il soit effectif, il faut que deux conditions cumulatives soient réunies : que le président sortant brigue un nouveau mandat et surtout, que ses compatriotes lui renouvellent leur confiance.

Or, quelles que soient les certitudes dont sont bourrés aussi bien les soutiens du Chef de l’Etat encore en exercice sur l’air de « devant, c’est maïs », que de ses adversaires qui ont déjà entonné la séculaire litanie sur les fraudes, aucune élection n’est jamais jouée d’avance. L’histoire passée et récente, dans des environnements proches et lointains, nous l’apprend et nous rappelle que les meilleurs résultats sont au bout de l’effort. Et que nul n’est à l’abri d’une « surprise ».

D’ici là, il est important de relever que la question du 4è mandat de Faure Gnassingbé a été définitivement tranchée par la révision constitutionnelle intervenue par voie parlementaire le 08 mai 2019, à l’occasion de la cinquième séance plénière de la première session ordinaire de l’année. Elle indique que le président de la République est élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois, précisant que cette disposition ne s’appliquait pas aux mandats déjà effectués ou en cours.

Ceci devrait clore le débat. D’autant qu’au surplus, sans cette modification, le Chef de l’Etat aurait eu le loisir de se représenter autant de fois qu’il le souhaiterait. La bonne foi minimum devrait donc faire constater que cette révision ne rallongeait pas le bail du numéro 1 togolais à la tête de l’état, mais le raccourcissait plutôt, en remettant le verrou de la limitation.

Le plus inquiétant pour l’opposition et ses militants est que pendant que s’instaure ce « débat de rue » qui va mobiliser leur énergie et les détourner de l’essentiel, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) propose la période de révision des listes électorales tandis que la Cour constitutionnelle fixe celle dans laquelle devrait se dérouler le scrutin. Mais surtout, le parti au pouvoir est sur le terrain, parcourant grâce à ses cadres et sympathisants, villes et hameaux de notre pays. Dans une espèce de remake des années précédentes ; avec les résultats qu’on sait.

Jean-Paul AGBOH