Le Togo tient (enfin) son hôpital de référence

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Elle fait partie d’une des attentes les plus importantes des populations : la réalisation d’un centre de santé moderne, disposant d’un plateau technique de choix avec un personnel bien formé et professionnel. Avec la pose de la première pierre ce 15 février dans la préfecture d’Agoè-Nyivé au nord de Lomé, d’un complexe hospitalier financé par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), un pas vient d’être franchi, dans un contexte de dégradation des infrastructures et des services de santé.

La pause de la première pierre de ce complexe hospitalier le 15 février dernier par le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé lui-même, renseigne sur l’importance de cette infrastructure. Baptisé Saint Pérégrin, le complexe sera construit au cœur de Lomé, sur un site exceptionnel de 60.000 hectares, à la jonction de la route Nationale N°1 et de la principale périphérie de Lomé, qui relie la zone est et ouest ainsi que la zone portuaire.

Composé d’un bâtiment de 11.000 m2, d’un hôtel quatre étoiles de 64 chambres extensibles pour accueillir les patients en phase de récupération ou de leur famille et d’un héliport, le complexe sera écologique avec une autonomie en eau et en électricité. Plusieurs services y seront proposés, notamment les consultations, l’hospitalisation générale et maladies infectieuses, l’imagerie, l’exploration fonctionnelle, la maternité etc..
En phase 1, l’ambition est de recevoir 80 000 consultations de toutes natures, générale, pédiatrique et spécialisée par an, 10 000 hospitalisations de très courtes durées ainsi que 3500 naissances annuelles extensibles à 4000. Avec l’ hôtel de 5000m2, la capacité du complexe peut être portée à 120 lits en phase 1. La capacité de l’hôpital sera à terme de 200 lits. Le nouvel hôpital accueillera le traitement de cancérologie avec des méthodes innovantes. Il y sera pratiqué la radiothérapie, l’imagerie haut
de gamme avec un scanner, l’IRM, la mammographie ainsi que l’échographie.
D’un coût initial de 17 milliards pouvant atteindre à terme les 40 milliards, le complexe a été conçu par les architectes du cabinet belge MATES GIE, qui ont pensé un bâtiment fonctionnel et aéré, situé au milieu d’un parc ; moins stressant pour les malades. L’établissement qui sera public, devrait être géré par un opérateur privé.
Mandat social :
Pour les pouvoirs publics, la construction d’un hôpital de cette taille répond à deux objectifs. Le premier, tenir les engagements du
mandat social promis par Faure Gnassingbé en 2015. Le second, faire droit à la nécessité pour le Togo de se doter de structures médicales modernes à l’attention des expatriés. L’amélioration du climat des affaires et l’arrivée d’investisseurs étrangers, tels que souhaités par le Plan national de développement (PND) doit inclure des services hospitaliers de bonne qualité et des prestations réalisées par des médecins bien formés. En ce sens, Saint-Pérégrin ne peut-être qu’un atout pour attirer les entreprises internationales, insiste-ton de sources gouvernementales. Selon le directeur général de la CNSS, Mme Ingrid Awadé, il s’agit de matérialiser l’engagement du Chef de l’Etat à proposer des soins de qualité aux Togolais, quel que soit leur
revenu. De fait, cet ambitieux projet s’inscrit dans le cadre de la politique des actions sociales et en faveur de la santé que promeut la caisse ; mais aussi et surtout dans le cadre des placements de réserves de fonds des différents régimes que gère la CNSS. Qui allie ainsi la nécessité de la rentabilité des placements à la satisfaction des besoins socio-économiques des populations couvertes. L’ensemble des acteurs du monde médical , de même que les patients interrogés, ont salué « ce projet utile et répondant à des besoin concret » des Togolais.
Imagination : La seule réserve qu’on pourrait tenter à ce projet ambitieux et utile pour les populations qui souffrent le martyr face au manque d’infrastructures sanitaires modernes, est le nom donné au complexe dont la première pierre vient d’être posée : Saint Pérégrin.
Selon la tradition, Pérégrin Laziosi était un religieux servite italien reconnu saint par l’Église catholique. C’est le saint patron des malades incurables. A l’âge de 60 ans, il est atteint d’une maladie incurable à une jambe. La veille de l’amputation, il descend à la salle du chapitre et va prier devant une fresque de Jésus Crucifié. Sa grande fatigue l’endort… dans un songe, Jésus se détache de la Croix, se penche sur lui et guérit sa jambe malade. Il se réveille en sursaut et constate que la douleur a disparu. Frère Pérégrin est guéri et profite de la nuit pour rendre grâce à Dieu.
Néanmoins, il y a lieu de noter que le Togo étant un Etat laïc où plusieurs religions coexistent pacifiquement, il est tout de même curieux de baptiser un hôpital public, financé par l’argent public des employés de toutes confessions religieuses, du nom d’un saint catholique. Au demeurant, c’est un nom pas facile à prononcer. A l’heure où beaucoup de mouvements ainsi que la tendance sont à l’authenticité, il eût été sans doute plus pertinent et simple, de retenir un nom facile à retenir et qui évoque la terre de nos aïeux.