Les méthodes contraceptives : quels sont les vrais risques ?

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Si le recours des femmes aux méthodes contraceptives est de nos jours quasi systématique pour éviter des grossesses non désirées aux conséquences lourdes, ces moyens vantés à grand renfort publicitaire ne sont pas sans effets pervers. Quels sont-ils ?

La contraception désigne l’emploi de moyens visant à empêcher la survenue d’une grossesse à la suite d’un rapport sexuel. Elle est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant « l’utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de conception ou l’éviter ».Le docteur N’Bortche, gynécologue à l’Association Togolaise pour le Bien-Etre Familiale (ATBEF) explique, dans le même sens, que « c’est l’ensemble des moyens naturels ou modernes qu’on met à la disposition des couples pour les aider à éviter momentanément ou définitivement la survenue d’une grossesse ».

Différentes méthodes adoptées

A l’ATBEF située à Tokoin-Soted, en moyenne 2 à 3 vasotomies par mois pour les hommes sont adoptées et 10 nouveaux cas de femmes par jours viennent adopter une méthode contraceptive. Ces méthodes sont multiples et se regroupent en deux catégories. D’abord les méthodes naturelles. Celles-ci comprennent le collé du cycle qui est une méthode qui se base sur le cycle menstruel et concerne plus les femmes dont le cycle est compris entre 26 et 32 jours, la méthode de la température et de la glaire cervicale difficile à appliquer, celle de l’allaitement maternel qui exige que la femme accouche avant de l’utiliser, soit en train d’allaiter son enfant uniquement au lait maternel sans aucun aliment complémentaire, dans les 6 premiers mois de l’accouchement et n’ait pas débuté les règles.

Plus efficaces que ces premières méthodes dites naturelles, il y a ensuite celles modernes qui sont classées en 3 catégories : la première concerne les méthodes de courte durée d’action comme les préservatifs, les pilules, les injectables de 2 mois ou de 3 mois. Celles de longue durée d’action tels les implants qui durent 3 ans, ou 5 ans ou le dispositif intra-utérin qui va jusqu’à 12 ans. Enfin les méthodes permanentes, irréversibles pour leur part, et qui comprennent la vasotomie destinée aux hommes et la ligature des trompes destinée aux femmes.

Des conséquences imaginaires ?

Pour plusieurs couples, surtout les femmes, les méthodes contraceptives seraient à la base de l’instabilité de leur fertilité aujourd’hui. Maman Paterne âgée de 50 ans et mère d’un seul garçon témoigne : « ça fait déjà trois ans que j’essaie de retomber enceinte. En effet, mon fils Paterne, je l’ai eu en 1998. Les mois qui ont suivi sa naissance, je me suis fait faire un implant de 5ans que j’ai renouvelé une fois. En 2017, mon mari et moi avions décidé de faire un second enfant. Celui-ci jusqu’aujourd’hui n’est jamais venu. J’ai eu à faire deux fausses couches. Maintenant je suis en ménopause avec un seul enfant. Je regrette d’avoir utilisé la méthode contraceptive car c’est de sa faute ».

Pour Edith, étudiante, l’injection de 3 mois qu’elle a utilisée pour empêcher la survenance d’une grossesse serait la cause de l’absence de ses règles. « J’ai arrêté les injections contraceptives après juste une utilisation de 3 mois. Et depuis ça fait deux mois que je n’ai pas mes menstruations. Malgré que mon gynéco me dit que sa va venir j’ai peur », s’alarme-t-elle.
A côté de ces rumeurs, il y en a d’autres qui portent sur le fait que la pilule contraceptive prise par les femmes serait à la base de la formation des caillots de sang provoquant à la longue, le cancer du sein.

Toutes ces peurs avaient été déjà évoquées par une journaliste indépendante Française Sabrina Debusquat qui dans son livre « J’arrête la pilule », expliquait globalement que « la pilule favoriserait le cancer du sein, les embolies pulmonaires, les AVC, la perte de la libido, la dépression, l’endométriose… De très nombreuses femmes décèderaient ainsi des effets secondaires liés à la pilule ».
Mais sans aucune base ni preuve scientifique, ces effets pervers pourraient ne rester qu’au stade de rumeurs. Les méthodes contraceptives ne sont néanmoins pas sans risques
Les vrais risques encourus
Comme tout traitement, il y a certains effets secondaires qui surviennent lors de l’adoption des méthodes contraceptives. Ces effets diffèrent d’un patient à un autre et d’une méthode à une autre.
Ainsi, selon le gynécologue N’Bortche, les méthodes naturelles n’ont pas d’effets secondaires en tant que tels. « Le seul inconvénient pour celles-ci est qu’elles sont d’efficacité moindre. Le résultat voulu, celui de ne pas tomber enceinte n’est souvent pas atteint car c’est le contraire qui se produit », précise-t-il.

S’agissant en revanche des méthodes modernes, les risques sont multiples. « Dire risques, c’est trop fort. Dans ces cas précis, on parlera plutôt des effets secondaires », rectifie le gynécologue.
On a les effets secondaires liés aux méthodes hormonales (les implants contraceptifs, les pilules…). Il s’agit des maux de tête, des nausées, des douleurs au niveau des seins, une prise de poids et l’absence de règle. « En effet, cette méthode pour fonctionner, agit non seulement sur les ovaires en empêchant les ovulations, mais aussi au niveau de la glaire cervicale en la rendant épaisse, ce qui empêche les spermatozoïdes de pénétrer. Donc avec tout ceci, les effets ressentis par les patients sont normaux car les méthodes hormonales ont cette capacité de rétention d’eau, augmentant l’appétit chez certains femmes», explique le docteur.

Les effets indésirables pour les méthodes mécaniques représentées par le dispositif intra-utérin qui est un petit matériel qu’on insère dans l’utérus pour empêcher la rencontre des ovules et des spermatozoïdes grâce au cuivre qu’il va libérer. « Une fois inséré, il y a une réaction inflammatoire qui se crée et on peut constater que les premières règles peuvent être abondantes. Comme c’est un corps étranger qu’on a mis dans l’utérus, quelques jours suivant la pose, il peut arriver que la femme sente des douleurs au bas-ventre, l’organisme ayant tendance à vouloir rejeter le dispositif. Et ces douleurs peuvent être calmées par un paracétamol. Ce sont également des effets indésirables passagers», détaille Dr N’Bortche.

Que ce soit une méthode hormonale ou plutôt mécanique, il faut préciser que dès son abandon ou l’arrêt de son utilisation, la fertilité reprend spontanément. « Seulement il peut arriver que l’état normal des choses accuse un petit retard allant de 3 mois à 6 mois », précise Solange Amouzou-Godé, assistante médicale au Centre Convivial des Femmes. « C’est ce qui m’est arrivé quand je prenais les pilules. J’ai dû attendre 4 mois avant d’avoir encore mes règles » témoigne Afi, ancienne étudiante, aujourd’hui mère d’une petite fille.

Ce qu’il faut faire ou ne pas faire en cas d’adoption d’une méthode
Tout d’abord, avant d’adopter quelque méthode contraceptive que ce soit, la femme doit s’approcher de la structure ou la personne habilitée à lui donner toutes les informations nécessaires sur la question. Une formalité nécessaire que négligent pourtant les femmes. « Surtout la pilule, les jeunes filles l’achètent à la pharmacie sans aucune ordonnance. Elles la prennent à tout bout de champ sans consultation auprès d’un spécialiste pouvant leur prodiguer des conseils avisés. Et face aux dégâts, elles sont les 1ères à encore se plaindre», se scandalise Solange. Pour le gynécologue, il est important voire indispensable que le personnel médical habilité prenne le temps de discuter avec les patientes, voir si celles-ci n’ont pas des antécédents de maladies héréditaires comme le cancer, si elles n’ont pas d’infections et si elles ne sont pas à la proche de la ménopause, avant de trouver ensuite la contraception qui convient ou si possible traiter le mal détecté avant la contraception.

Ensuite après l’adoption d’une méthode, la patiente a le devoir de répondre aux rendez-vous de consultation donnés par son médecin. « Ces routines permettent de s’assurer que tout va bien, que la méthode s’adapte à l’organisme ou le cas échéant, d’envisager un changement de méthode. D’ailleurs, il arrive que certaines femmes essaient plusieurs méthodes différentes et plusieurs dosages avant de trouver celle qui leur convient le mieux », explique l’assistante médicale.

« Pour finir, c’est vrai que les méthodes contraceptives empêchent la survenue de grossesses et permettent à la femme de s’épanouir sexuellement. Mais elles n’assurent pas la santé des organes de reproduction. Ce qui veut dire qu’on peut toujours contracter une infection génitale, laquelle nous savons, agit négativement sur la reproduction. A moins d’utiliser le préservatif qui est non seulement une contraception mais aussi un moyen de prévention contre les IST, il faut tout simplement limiter les rapports sexuels ou être vigilants dans nos rapports sexuels », conseille Dr N’Bortche.