Ouattara, un échec ivoirien

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2030

En Côte d’Ivoire, ses opposants assènent qu’ils ne « mangent pas le goudron ». Cependant, quels que soient les reproches qu’on puisse lui faire par ailleurs et qui ne manquent pas, le minimum d’objectivité impose de reconnaître qu’Alassane Ouattara a transformé le visage du pays d’Houphouët Boigny, très méconnaissable après presque une décennie de crise politico-militaire.

Les contempteurs de son régime argueront que le prix payé pour ces performances économiques est celui d’un fort taux d’endettement. Il n’empêche que la locomotive de l’Union économique monétaire ouest-africain a retrouvé sa place et quasiment son lustre d’antan. Pour autant, l’ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI) n’a pas réussi en dix ans l’essentiel : réconcilier les Ivoiriens.

En effet, ses deux mandats à la tête de l’Etat ont échoué à mettre fin aux béantes divisions politiques qui minent la société ivoirienne, exacerbées par des considérations ethniques, qui ont contribué pour une bonne part à la tragédie post-électorale de 2010. Pire, les ingrédients d’il y a une décennie sont toujours réunis : à preuve les affrontements meurtriers de ces derniers jours notamment à Daoukro.

Sauf simplement qu’à « tous contre Laurent Gbagbo », succède aujourd’hui le « tout sauf Ouattara ». De Bédié à Soro, en passant par Toikeusse et autre Duncan, pourtant ses alliés d’antan, tous ne jurent que par le « dégagisme » du locataire du palais des bords d’Ebrié et de son entourage.

De fait, au-delà de la polémique constitutionnelle et des passes d’arme sur le troisième mandat, c’est davantage les conséquences sur la paix sociale et le vivre ensemble dans son pays qu’interroge la volonté de rempiler de monsieur Ouattara. Son bilan économique flatteur peut difficilement masquer le fait qu’il n’incarne pas le futur d’une Côte d’Ivoire apaisée et désormais débarrassée de ses vieux démons.

Lui qui, pour ne pas arranger les choses, a fait du « rattrapage ethnique » son leitmotiv pendant les dix dernières années ; et a vu son rassemblement politique qui comptait de nombreux soutiens, désormais réduit à sa plus simple expression.

Alassane Ouattara a déclaré lors de sa dernière sortie publique que sa candidature était un sacrifice pour la Côte d’Ivoire. Espérons que ledit sacrifice n’inclut pas la vie de ses compatriotes.