Togocom cédée au malgache Axian Group, la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT) au singapourien OLAM, la Banque Togolaise pour le Commerce et l’Industrie (BTCI) au burkinabé IB Holding etc….Ces privatisations opérées en l’espace de deux ans et bien d’autres avant elles par le gouvernement togolais, ont provoqué de vives polémiques ; les adversaires à ces opérations dénonçant le bradage de «joyaux nationaux ». Il faut dire que le fait que la transparence n’ait pas été la vertu première les ayant entourées ainsi que le déficit de communication sur les motivations de ces choix économiques, ont fini par créer la suspicion. Quel bilan chiffré peut-on faire de la privatisation dans notre pays ? Que font nos voisins de l’espace UEMOA ? Grand angle de FOCUS INFOS.
La privatisation est définie généralement comme l’action de transférer au secteur privé une activité/une entreprise qui appartenait au secteur public. C’est aussi l’ opération par laquelle le contrôle exercé par les pouvoirs publics sur une organisation vouée à l’exercice d’une activité économique est transféré au secteur privé. Ses avantages économiques sont nombreux : renforcement de l’efficacité et de la performance des entreprises, développement d’une industrie compétitive servant correctement les consommateurs et accès aux ressources, savoir-faire et marchés qui permettent la croissance.
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On peut tout aussi y ajouter l’agencement d’une saine répartition du pouvoir de l’entreprise, l’élargissement et l’approfondissement des marchés financiers ou encore l’obtention du meilleur prix à la vente de l’entreprise. Les avantages économiques sont essentiellement la cession rapide des actifs à des opérateurs privés et l’ouverture de l’éventail des actionnaires, etc.
Près de 80 sociétés privatisées.
Au Togo, le gouvernement a fait le choix depuis longtemps, démarche accélérée ces dernières années, de mobiliser les investissements privés tant nationaux qu’internationaux pour une plus grande performance de son économie et pour réduire le nombre de sociétés contrôlées par l’Etat en termes d’actionnariat. Cela se traduit par ailleurs par le désengagement de l’Etat de certains secteurs.
De fait, la première privatisation au Togo date de 1984. A ce jour, ce sont 79 sociétés qui ont été privatisées pour une recette totale d’environ 103,9 millions $ et pour un coût moyen de 1,3 million $ selon une étude réalisée par le cabinet togolais KAPI CONSULT. Cela place le Togo au 3è rang des pays qui ont réalisé le plus de privatisations dans l’espace UEMOA, derrière le Mali et la Côte d’Ivoire . Pour les recettes issues de ces opérations, il est également classé à la 3è place derrière la Côte d’Ivoire et le Sénégal.
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L’Etat détenteur de 880 813 actions dans le mixte
A fin 2019, l’Etat partageait l’actionnariat dans 26 sociétés sous un régime de société d’économie mixte. Il s’agit entre autres de la Société des Transports de Lomé (SOTRAL), de T-Oil Company (ex-Shell-Togo), la NSCT, la BCEAO ( Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest), WACEM et SCAN- TOGO.
Dans le capital de TOGOCOM, l’Etat détient 49% du capital et son partenaire AGOU HOLDING 51%. A l’instar de TOGOCOM, l’Etat a perdu ces dernières années la détention exclusive de capital au sein de plusieurs sociétés.
De plus, le Togo n’est plus majoritaire que dans quelques sociétés. Il demeure l’actionnaire principal de la SOTRAL (où il détient 96% des parts), de T-Oil Company (79%), de la STSL (Société togolaise de stockage de Lomé), de la SALT (Société Aéroportuaire de Lomé Tokoin), la société qui gère l’aéroport de Lomé (60%).
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Dans le secteur bancaire, l’Etat est actionnaire minoritaire dans quelques banques comme Sunu Bank (4,66%), Orabank (2%), Afreximbank (0,28%) et Bia Togo (10,97%). Le Togo détient 12,50 % du capital de la Bceao, pour un actif d’environ 16, 7 milliards FCFA.
Dans l’ensemble, le Togo disposait à la date du 31 décembre 2019 selon le rapport de la Direction des opérations financières et du portefeuille de l’Etat, d’un actif d’environ 31 milliards FCFA dans 26 sociétés d’économie mixte pour 880 813 actions.
A cela, il faut désormais ajouter la Banque togolaise pour le commerce et l’industrie (BTCI) dont la privatisation est intervenue en 2021 au profit du burkinabé IB Holding, et dans laquelle l’Etat ne détient plus que 10%. Il faut aussi considérer la SABER, spécialisée dans les énergies renouvelables et propriété de 5 institutions financières et de 15 Etats africains, dans laquelle le Togo détient 5% des parts.