Tout le monde est candidat

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processus électoral
Des électeurs, lors des législatives 2018 - Archives

A ce rythme et d’ici la fin du délai réglementaire des dossiers, le nombre des candidatures à la prochaine élection présidentielle devrait battre tous les records. A un peu plus de deux mois du scrutin, ils sont déjà 12 postulants à s’être déclarés. Et la liste n’est sans doute pas définitivement close, avec l’attendue décision du président sortant Faure Gnassingbé de se lancer dans la course.

Tous les observateurs noteront que cette multiplication des candidatures est aussi mais pas seulement, le résultat des dernières réformes constitutionnelles et institutionnelles intervenues en milieu d’année, et consacrant de nouveau un scrutin uninominal à deux tours. De fait, l’idée de se rassembler autour du candidat le mieux placé de son camp au second round, après avoir proposé au premier sa propre offre politique, semble avoir emporté la conviction de beaucoup, face au risque d’éparpillement des voix redouté par certains, et à la nécessaire union exaltée par d’autres.
La pluralité des candidatures peut être aussi lue par les optimistes comme symptomatique de la vitalité de notre système politique ainsi que de l’ouverture du débat public, à toutes les couches, favorisant par voie de conséquence une diversité des offres. D’autres y verront aussi l’échec de l’ancienne génération et la volonté d’une nouvelle classe d’émerger en portant de nouvelles idées et convictions.

Malgré tout, on ne peut s’empêcher et pas forcément illégitimement, de faire le lien entre cet engouement unique pour ce scrutin, avec « le pactole » mis à la disposition des candidats : financement public des partis, financement public de la campagne électorale, prise en charge financière des représentants des candidats dans les bureaux de vote. D’autant plus que parmi les annoncés et les potentiels auxquels la rumeur prête des velléités, il y a de tout…et « du n’importe quoi » : de vrais challengers, des outsiders, des candidats de témoignage mais aussi des amuseurs de galeries. On pourra toujours se consoler en se disant que c’est le propre de toutes élections présidentielles qui plus est à deux tours, de générer de telles réalités. Pour autant, la qualité du débat et de l’offre programmatique ne gagnent pas au change.

On peut d’ores et déjà prendre le pari sans aucun risque de le perdre, que pendant les prochaines semaines jusqu’au scrutin, les questions du pouvoir d’achat et des salaires, des retraites, de la protection sociale, de l’éducation, de la santé, de la fiscalité des entreprises, de l’agriculture, du développement durable, de l’érosion côtière etc.. seront quasi absentes de la campagne. Au profit des invectives, des sempiternels sujets de réformes politiques etc… Pourtant, ce scrutin majeur est une occasion unique pour ceux qui souhaitent présider aux destinées des 7 millions de Togolais, d’exposer leur projet pour améliorer leur vie quotidienne.