TRANSITION VERS LE RENOUVELABLE : Entre progrès et défis

0
1484

l’horizon 2030, le Togo poursuit un double objectif : assurer l’accès à l’électrification pour tous et atteindre 50% de part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique. A 11 ans de l’échéance, le pays multiplie des initiatives visant à promouvoir les énergies dites propres. Le solaire et non l’éolien
Membre de l’Alliance Solaire Internationale, le Togo considère l’énergie solaire comme l’alternative aux énergies fossiles dont la production déjà insuffisante, couvrira encore moins de personnes les années à venir. Plus d’un Togolais sur 2 n’a pas accès à l’énergie. Le taux d’accès à l’électricité est de 45 % (Ministère des Mines et de l’Energie, 2018). Dans le détail, la consommation de l’énergie totale au Togo est de 67% pour les ménages, 22% pour le transport, 9% pour les services marchands et publics, et 2% pour les industries (3ème communication nationale sur les changements climatiques, 2015). Le pays mise sur un potentiel énorme à cet égard : l’énergie solaire globale moyenne rayonnée est de 4,4 kWh/ m²/j pour Lomé, 4,3 kWh/m²/j pour Atakpamé et 4,5 kWh/m²/j pour Mango (MEMEPT, 2002). Les puissances peuvent dépasser 700 Wc/ m², surtout en saison sèche quand le ciel est clair et le taux d’humidité de l’air bas (SIE-Togo, 2007).
L’option s’oriente donc vers la promotion de ce type d’énergie. Selon les informations, quoique des pistes aient été explorées notamment par l’université de Lomé pour le développement d’un parc éolien et la valorisation du vent comme source d’énergie, cette ressource ne serait pas assez forte pour soutenir une production à l’échelle nationale.

De l’Off-Grid et du Mini-Grid

Le pays développe le hors-réseau et le mini-réseau dans le cadre de sa politique nationale d’électrification.
CIZO : déjà 10 000 ménages électrifiés
Avec dans le viseur 300000 ménages électrifiés et 2 millions de bénéficiaires d’ici à 2022, le programme présidentiel CIZO a franchi depuis peu, apprend-on, la barre des 10 000 ménages électrifiés par kit solaire individuel.

Deux principaux opérateurs sont sur le projet : le britannique BBOXX et SOLEVA. L’initiative qui s’inscrit dans la droite ligne de la promotion de l’électrification rurale et du renouvelable impressionne et séduit à
toutes les rencontres internationales: « G20 Compact with Africa », en Afrique du Sud, à New York et au dernier sommet germano-africain dédié à l’énergie.

Pour stimuler l’adoption de cette solution par les populations rurales aux ressources limitées, le Togo accorde depuis début mars 2019, une subvention de 2 000 FCFA représentant près de 40% de la facture de la consommation mensuelle des ménages et devient ainsi le 1er pays au monde à prendre cette initiative.

Du mini-grid et des centrales solaires

En ligne avec son ambition de porter la part du renouvelable à 50% dans le mix énergétique en 2030, le pays envisage d’implanter 300 mini-grids dans le cadre de son programme d’électrification rurale. Il a déjà installé 4 mini-grids, des centrales de capacité moyenne. La puissance totale cumulée de ces microcentrales solaires photovoltaïques est de 600 KWc en milieu rural. Il a installé également 10 000 lampadaires solaires dans les cinq régions du Togo.

4 centrales solaires de 30 MW chacune d’ici à 2025 devraient également être mises en place. La 1ère a reçu un financement partiel du Fonds d’Abu Dhabi qui se chiffre à 15 millions $. En tout, sa construction devrait coûter 40 millions $. A la faveur du récent séjour de Faure Gnassingbé à Abu Dhabi un Memorandum of Understanding (MoU) entre le Togo et AMEA Power a été signé. Objectif : accélérer le processus de
son installation.

Selon la cellule de communication de la présidence togolaise, « avec la signature de ce MoU,(…) le schéma de la construction se met en place. L’opérateur mettra tout
en œuvre pour apporter le reste du financement et la concrétisation rapide de ce projet ».
Par ailleurs , le pays compte tirer total avantage de son potentiel hydraulique en installant 3 nouveaux barrages hydroélectriques à Sarakawa, dans la Kéran et à Tététou.

Des défis

Si le pays fournit plus que de nombreux africains, des efforts sensibles en ligne avec son objectif de 50% de part du renouvelable à l’horizon 2030, avec un accent sur le solaire, force est de constater qu’il se repose dans une écrasante proportion sur la technologie étrangère. Avec les initiatives qui émergent au plan national, comme village solaire « Veso » promue par le jeune Kossivi Baga, celle de KYA Energy Group, lauréat du concours de la BOAD sur les énergies solaires, le Togo gagnerait énormément à valoriser les ressources et compétences locales. De fait, les partenariats avec BBOXX et SOLEVA ne prévoient pas de clause de transfert de technologies. Le pays semble parti pour être dépendant de BBOXX et de SOLEVA sur le long terme.

Certes, l’implication de KYA Energy Group dans la construction des académies solaires, la formation de techniciens en charge de la maintenance des kits solaires individuels, est déjà un pas, à encourager. Mais pas suffisant. La valorisation des ressources locales pourrait être moins coûteuse tant dans sa conception que dans son déploiement et son appropriation par les populations rurales.

Car de toute évidence, le coût des technologies BBOXX et SOLEVA ainsi que la facture mensuelle restent salés pour les populations rurales, en dehors de toute subvention. Et dans l’hypothèse d’un changement de priorités gouvernementales, le projet pourrait être voué à l’échec. D’où la nécessité de rendre le projet moins coûteux et plus viable.