« L’Urgence africaine » ou quand Kako Nubukpo appelle à un changement de modèle en Afrique

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Urgence africaine
Kako Nubukpo, auteur de "L'Urgence africaine"

Le professeur Kako Nubukpo a publié, le 18 septembre 2019, son nouvel ouvrage intitulé « L’Urgence africaine ». Ce mercredi, il était l’invité de Laurent Koro dans une interview diffusée sur la Radio France Internationale (RFI). L’ancien ministre, au cours de cet entretien, a présenté les points essentiels de son ouvrage composé de huit chapitres. Également, dans cet ouvrage, il « tord le cou à plusieurs idées à la mode sur l’Afrique ».

A travers « L’Urgence africaine », Kako Nubukpo porte un regard très critique, notamment sur les politiques publics déployés en Afrique. Il s’agit des discours sur l’émergence ; la bonne gouvernance ; l’agriculture ; le développement, etc… « Cette stratégie vise à donner espoir aux populations tout en attirant des investisseurs étrangers. L’objectif, donner de la légitimité au travail des dirigeants en matière de performances économiques », a déclaré le ministre Nubukpo.

« L’Urgence africaine » est un titre pour que le reste du monde comprenne ce qui se passe en Afrique. C’est aussi l’urgence pour que les dirigeants africains sachent qu’ils doivent rendre des comptes à leurs populations, soutient-il. Selon l’économiste togolais, « on a souvent l’impression que nos dirigeants ne rendent compte qu’aux occidentaux ou aux orientaux (…) Ce qui se joue en Afrique peut avoir un impact sur la stabilité non seulement de l’Afrique mais aussi du monde entier ».

L’Afrique se transforme certes, mais pas aussi vite ni aussi bien qu’on le souhaite. Pour cela, le professeur opte pour un changement de modèle de croissance africaine. « Le développement est un processus endogène. On ne peut pas passer sa vie à aller chercher des investisseurs. On a les matières premières, on a la jeunesse, on a même les terres. Au lieu de continuer par exporter ces matières premières sans transformation, nous devrions les transformer sur place », a-t-il martelé, indigné.

Dans un autre modèle de croissance africaine, il y a l’agriculture. Celle-ci doit d’abord nourrir l’Afrique et ensuite des bras dont on aurait plus besoin. Sur le moyen et long terme, il sera possible de basculer vers le secteur secondaire afin de favoriser l’industrialisation. Pour une prospérité partagée, il y a un enjeu de création de richesses mais surtout de répartition équitable de ces richesses, dit l’auteur.

Cela implique plus de débats, plus de programme, plus de transparence, plus de redevabilité et plus de contrôle citoyen de l’action publique. Le développement, c’est d’abord une question d’intérêt général et celle-ci doit servir à tout le monde, a conclu Kako Nubukpo.

 

Clément Gado